PRÉVENTION SANTÉ
Burnout : comprendre et prévenir l'épuisement professionnel

En 2025, la santé mentale a été désignée comme la Grande Cause Nationale et celle-ci ne se résume pas qu'à la sphère personnelle. En effet, le burnout, aussi appelé syndrome d'épuisement professionnel, est devenu un sujet au cœur des préoccupations du monde du travail. Entre pression, stress, surcharge de travail, surcharge de responsabilités et perte de sens, de plus en plus de salariés en souffrent. Selon une étude d'Opinion Way, ce sont 45% des salariés qui font état d'une détresse psychologique, et dans 70% des cas, ces personnes déclarent que cette situation est due, au moins en partie, à leur activité professionnelle. Dans cet article, nous vous proposons de mieux comprendre ce phénomène, d’apprendre à en reconnaître les signes, et surtout de découvrir comment le prévenir.
– QU'EST-CE QUE LE BURNOUT ?
– Définition du burnout
Le burn out est caractérisé par trois aspects : + un épuisement professionnel. + une dépersonnalisation ou du cynisme, entraînant une indifférence à l'environnement de travail et aux relations humaines, ainsi qu'une vision négative du travail et des autres. + un sentiment de non-accomplissement, de dépréciation ou d'échec, car le salarié n'arrive plus à répondre aux attentes liées à son poste. Bien que ce soit une pathologie de plus en plus reconnue dans le monde du travail, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ne la classe pas comme une maladie professionnelle. Néanmoins, cet état d'épuisement émotionnel, mental et physique doit faire l'objet d'un diagnostic donné par un médecin pour recevoir un traitement adapté.
– Les causes principales du burnout au travail
Très souvent, l'épuisement professionnel n'est pas dû à une seule cause, mais plutôt à une accumulation sur une durée prolongée.
Les facteurs de risques liés au travail :
Ils regroupent le contenu de l'activité professionnelle et le contexte dans lequel elle se déroule. Parmi eux, on retrouve : + Les exigences au travail : cela se traduit par exemple par une surcharge de travail, des délais et objectifs irréalistes, des heures supplémentaires sur une durée prolongée. + Le manque d'autonomie : l'employé ne peut pas être acteur de son travail, peut-être parce qu'il n'a pas les ressources nécessaires à sa disposition ou qu'il doit sans cesse rendre des comptes à ses supérieurs. + Les problèmes de communication, aussi bien entre collègues, qu'avec l'employeur : cela peut être dû à des rôles et objectifs mal définis ou peu clairs, une absence de soutien ou de disponibilité, un manque de reconnaissance ou à la présence de conflits ou encore de violences, comme du harcèlement ou des agressions physiques. + Les conflits de valeurs : pour de nombreux travailleurs, il est important que leur métier ait un sens. Se sentir inutile, ne plus reconnaître ses valeurs et ses convictions, ne plus comprendre la raison d'être de son métier sont tout autant de raisons qui peuvent entraîner une perte de motivation. + L'insécurité : la situation économique d'une entreprise ou des changements importants au sein de l'entreprise peut créer un sentiment d'insécurité dans les équipes.
Les facteurs de risques individuels :
Chaque individu à sa propre façon de réagir face à une situation de stress professionnel. En effet, si certains perçoivent les obstacles comme un défi à relever, d'autres n'en perçoivent que l'aspect négatif. Cependant, si la capacité à gérer le stress diffère d'une personne à l'autre, il existe quand même des facteurs aggravants à prendre en compte. Par exemple, une charge mentale importante ou la solitude peuvent influer sur la santé mentale. Également, l'âge et le sexe peuvent être pris en compte. En effet, les femmes et les trentenaires sont les plus touchés par l'épuisement professionnel.

– À qui cela arrive-t-il ?
Le concept de burn-out apparaît dans les années 1970 et était initialement pensé comme exclusif aux travailleurs sociaux, les professions médicales et aux enseignants, puisque ce sont des professions qui demandent beaucoup d'engagement relationnel et émotionnel. En réalité, tout le monde peut souffrir d'un burn out, peu importe son métier ou le domaine dans lequel il évolue. De manière générale, on reconnaît que cela affecte les personnes perfectionnistes, qui sont très engagées et investies dans l'entreprise, ou bien qui ont du mal à établir un équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
– Quelle est la différence entre une dépression et un burn-out ?
Même si les symptômes peuvent se ressembler, les causes sont différentes. Un burn out, comme l'indique l'OMS, est le résultat d'un stress chronique lié à l'aspect professionnel. Quant à elle, la dépression concerne tous les aspects de vie d'une personne.
– QUELS SONT LES SIGNES D'UN BURN OUT ?
Les symptômes varient d'une personne à une autre. Voici une liste des plus courants :
Symptômes physiques
On retrouve les troubles du sommeil, une fatigue permanente, des douleurs chroniques, des troubles musculosquelettiques (TMS), des migraines ou céphalées, les vertiges, des dermatologiques ou encore des maux de ventre et troubles digestifs. Souvent, les signes physiques sont les premiers à se déclarer.
Symptômes émotionnels
Ils se traduisent généralement par de l'anxiété, de la tristesse, un manque de motivation, de l'irritabilité, de l'hypersensibilité ou de l'indifférence. Dans des cas extrêmes, cela peut aller jusqu'à des pensées suicidaires.
Symptômes interpersonnels
Les personnes souffrant d'un burn out peuvent s'isoler socialement et se replier sur elles-mêmes. On note parfois un comportement agressif et violent, ou encore une hostilité envers les collaborateurs et managers. Également, ds troubles du comportement alimentaires ou des addictions (alcool, drogues ou médicaments) peuvent apparaître.
Symptômes cognitifs
Le burn out peut s'accompagner de troubles de la mémoire, troubles de l'attention, des difficultés à se concentrer, penser, organiser, prendre des décisions, ...
En cas de doute concernant un symptôme, tournez-vous vers un professionnel de santé compétent.
– COMMENT PRÉVENIR LE BURN OUT ?
La prévention du burn out est l'affaire de tous.

– En tant que RH, managers et employeur
Il est nécessaire d'offrir à ses équipes un cadre de travail sain, propice à l'épanouissement professionnel. Pour cela, il est important de mettre en place une démarche pour améliorer la Qualité de Vie et des Conditions de Travail. Cependant, c'est une stratégie qui demande du temps à mettre en place, piloter et ajuster pour obtenir des résultats. En attendant, voici des premières mesures de prévention collectives :
Favoriser une culture d'entreprise tournée vers le dialogue et l'écoute
Organisez régulièrement des points d'échange, informels ou formels, pour que les salariés puissent s'exprimer sur leurs difficultés et problèmes. Ces informations vous permettront d'agir en conséquence pour les aider et leur permettre d'exercer leur métier dans les meilleures conditions possibles.
Veiller à une répartition équilibrée de la charge de travail
Assurez-vous que les objectifs soient réalistes, dans des délais raisonnables. Cela implique un suivi des projets réguliers, afin de pouvoir rééquilibrer les tâches en cas de surchage de travail.
Favoriser la reconnaissance
Un merci, un feedback constructif, une augmentation ou une prime sont tout autant des marques de reconnaissances pour vos collaborateurs. Cela permet de renforcer l'engagement et limiter la démotivation, deux dimensions capitales dans la prévention du burnout.
Former à la détection des signaux
Si les managers sont capables à repérer les premiers signes d'un mal-être, il sera plus aisé de réagir rapidement et de manière adaptée.
Mettre en place des dispositifs de soutien
Certains collaborateurs peuvent ne pas se sentir à l'aise pour parler avec eux de leur détresse. Vous pouvez les informer qu'il existe des lignes d'écoute psychologique. Également, vous pouvez mettre en place un programme de formation axé sur la communication et la gestion des conflits : assertivité, gestion des émotions, communication non-violente, ... Il existe de nombreux outils, encore faut-il savoir les activer et utiliser.

– En tant que salarié
Chaque collaborateur peut agir à sa propre échelle pour se protéger du burn out.
Apprendre à s'écouter
Personne ne se connaît mieux que vous. Si vous ressentez une fatigue persistante ou une perte de motivation qui dure, ce sont des indicateurs qu'il ne faut pas négliger. Ils cachent peut-être un épuisement professionnel.
Savoir poser des limites
Apprenez à dire non et à demander de l'aide. Pour certains, reconnaître ses limites revient à admettre ne pas réussir à faire son travail. Mais la réalité est toute autre. En admettant ne pas pouvoir tout faire, vous choisissez de faire vos tâches dans de meilleures conditions : plus de temps signifie plus de réflexions, une meilleure qualité et moins d'erreurs.
Faire des pauses
Même dans les périodes chargées, il est important de prendre des pauses. Notre cerveau ne peut pas rester concentré des heures durant. Levez-vous, buvez un café ou prenez une pause active, en marchant et en vous étirant.
Déconnecter en dehors des heures de travail
Il est important de faire la distinction entre vie personnelle et vie professionnelle. En dehors de l'entreprise, ne travaillez pas sur un projet et ne consultez pas vos mails. Réservez vos soirées, week-ends et congés pour profiter de vos proches, vous reposer et pratiquer des passe-temps qui vous plaisent.
Utiliser les ressources à sa disposition
Vous pouvez vous rapprocher de la médecine du travail ou de votre médecin traitant, ou encore demander un entretien avec votre manager ou votre RH.

– COMMENT GUÉRIR D'UN BURNOUT ?
Même si le burn-out n'est pas reconnu comme une maladie professionnelle, il est essentiel de se faire accompagner par un professionnel de santé qui saura vous guider vers la guérison. Cela peut inclure :- Un arrêt de travail pour récupérer- Un suivi thérapeutique (psychologue, psychiatre)- Des ajustements professionnels (temps partiel, aménagement de poste) Guérir d'un burnout prend du temps, et chaque parcours est unique.

– BURN-OUT, BORE-OUT, BROWN-OUT : QUELLES DIFFÉRENCES ?
On parle souvent du burnout, mais il n'est pas le seul syndrome de détresse au travail. Il en existe deux autres : le bore-out et le brown-out. + Burn-out : causé par un stress chronique + Bore-out : lié à l'ennui, suite à une sous-charge de travail ou à des tâches qui ne répondent pas au profil du collaborateur. Celui-ci ne peut alors pas mettre à profit toutes leurs compétences, entraînant désintérêt et démotivation. + Brown-out : marqué par une perte de sens et un désengagement progressif, le salarié exécute ses tâches mécaniquement, car il ne perçoit pas ou plus la plus-value de son travail. Ces trois syndromes partagent un point commun : ils traduisent un mal-être, qui nécessite des actions de prévention et de prise en charge.
Reconnaître, prévenir et traiter le burn-out est un enjeu collectif. En agissant à la fois sur l'organisation du travail et le bien-être individuel, les entreprises peuvent construire un environnement de travail plus sain.